Je lance pour qui veut un débat philosophique sur la société d'aujourd'hui, qui tend à privilégier la spécialisation, de plus en plus tôt, et de plus en plus pointue.
Comment j'en viens à me poser des questions là dessus à partir de mon modeste poste de secrétaire...
Et je prends un exemple concret, l'informatique.
Tout a commencé il y a quelques semaines, où je me suis rendu compte tout à coup, en passant, que je n'avais plus aucun son sur mon pc.
Je me suis dit de suite que c'était un virus. La peur du virus, depuis que je ramène des mp3 d'une copine via ma clé usb.
Ensuite comme je n'avais pas trop le temps, je me suis dit qu'il fallait que j'emmène le pc à un informaticien.
Mais ça me faisait vraiment ch..... de faire un gros chèque pour un problème qui était peut être tout simple à résoudre.
Après avoir épluché la rubrique résolutions de problèmes sur mon pc (déjà c'est pas simple à trouver), et comme ça me conseillait d'aller éplucher le manuel pour les hauts parleurs (dont il ne parlait pas), je me suis demandé si mon problème de son ne venait pas de l'installation de ma webcam logitech.
Du coup j'ai tapé sur google des mots clés qui se rapportaient au problème et je suis allée sur un forum informatique (comment ça marche. net) et j'ai farfouillé.
Par chance, en m'aidant des différentes réponses, et en y allant un peu au hasard, ho miracle, le son est revenu sur mon pc.
J'ai éprouvé une grande fierté d'avoir trouvé toute seule, en contrepartie du fait que pendant ce temps là, je n'ai pas travaillé sur mon concours de l'an prochain à 5 % de réussite.
; et en plus, je suis contre la bidouille, car à moyen et long terme, ça peut faire des dégâts. Syndrôme de celui qui croit savoir en bidouillantn, et qui vous torpille un pc en moins de deux.
Bon le son marche, sauf le son de windows messenger, je ne sais pas pourquoi. Donc il va falloir que je me penche là dessus.
Mais voila, ce problème en soulève un gros :
Le manque de temps à consacrer à l'informatique.
Pourtant, si je pouvais, je reprendrais l'informatique de A à Z, je prendrais le temps d'éplucher patiemment les manuels d'utilisation de mon pc, pour pouvoir l'entretenir toute seule.
De cette sorte, je n'aurais à recourir à l'informaticien que pour les problèmes qui me dépassent.
Pareil pour le reste. Je voudrais bien apprendre à utiliser Visual Basic pour Excel, afin de me faciliter la vie de secrétaire que je suis.
Encore faut-il qu'au boulot, j'aie le temps de mettre en place ce genre de trucs. Ce qui n'a jamais été le cas jusqu'à présent. Je n'ai d'autre choix que de potasser l'informatique chez moi, en dehors des heures de boulot.
Mon rêve actuel serait de pouvoir optimiser un poste de secrétaire pour qu'il devienne le moins stressant possible, en gommant toutes les activités chronophages.
Et quand je me confronte à la réalité, ça donne ça :
je ne suis que remplaçante, parce que je n'ai pas le concours (fonction publique).
Je dois pour l'instant privilégier de bosser mon concours (donc là, je me suis quand même offert un gros plaisir j'avoue).
En même temps, j'essaie d'optimiser mon poste (même si je n'y reste pas) dans le but que je gagne du temps et que la secrétaire qui reviendra gagne du temps, tout en assurant tout ce qu'il y a à faire.
C'est là où le bât blesse : en général, une secrétaire n'a pas le temps d'optimiser son poste, ou on ne lui laisse pas le temps parce qu'il y a toujours plus urgent à faire. C'est toujours du court terme, parce qu'il faut être performant et respecter les délais. Et prendre le temps de remettre à poste à plat est aujourd'hui inconcevable, parce que pendant ce temps là, le retard s'accumule.
Pour en venir au débat proprement dit, il y a trois solutions :
- continuer à assurer les priorités en gardant un système bancal, et espérer avoir quelques moments dans le mois pour essayer d'optimiser le poste. Petit à petit, on finit par y arriver, mais au bout de 10 ans sur le même poste ?
- cantonner la secrétaire à assurer, et embaucher ponctuellement un "spécialiste" de l'optimisation de poste afin qu'il se consacre uniquement à ça. Mais il y a deux écueils :
- ce n'est pas gratifiant pour la secrétaire de lui ôter cet aspect intéressant qui est d'optimiser son propre poste. Elle en vient à être seulement exécutante de tâches. Frustrant.
- le "spécialiste" ne connaît pas le poste. La secrétaire doit lui remettre un cahier des charges pour que le spécialiste s'adapte à la demande. Mais Dès que le spécialiste est parti, et que les tâches sont amenées à évoluer (augmentation de la quantité de tâches, le plus souvent), il faut de nouveau faire appel au spécialiste.
- que la secrétaire produise de la "valeur ajoutée" à son poste, c'est-à-dire qu'elle puisse optimiser son poste au moment où elle rencontre un problème, tout en respectant les délais. C'est le plus motivant, mais le plus risqué aussi, puisque le respect des délais l'emporte sur la valeur ajoutée. En d'autres termes, il faut avoir le nez dans le guidon tout en trouvant le temps de se poser les bonnes questions et de les résoudre dans un temps limité.
Bref, après toutes ces considérations, je me dis que j'aurais peut-être mieux fait de me spécialiser dès le départ dans l'informatique. Parce que si ça gonfle mon propre orgueil de faire les choses par moi-même, on ne s'improvise pas informaticien du jour au lendemain.
Ce qui est plaisant dans le fait d'être généraliste, c'est d'apprendre à résoudre des problèmes simples par soi-même, avant de faire appel au spécialiste pour des problèmes plus élaborés. Et puis le cerveau fonctionne...
Les spécialistes, quel que soit le domaine, il en faut. Dès que ça devient pointu. Par contre, le spécialiste, du fait qu'il a exploré à fond sa spécialité, n'a pas le temps de se mettre à niveau dans d'autres domaines. Du coup, il n'a pas forcément une vision globale des choses. Enfin j'imagine que c'est comme le bon ou le mauvais chasseur... Il y a le bon spécialiste, qui trouve quand même le temps de sortir la tête de sa spécialisation, et le mauvais qui est tête baissée tout le temps.
Enfin ce qui tend à me déplaire dans notre société, c'est que, de plus en plus, on fait appel à des spécialistes avant même d'essayer de régler le problème à notre niveau, parce qu'il faut toujours aller plus vite, plus intensément, etc... Des sortis de grandes écoles qui ont le bagage, qui mettent les pieds dans le plat, mais pas le vécu. Les chercheurs d'un côté, les exécutants de l'autre. Les tâches nobles d'un côté, les tâches répétitives de l'autres. Vive la fragmentation